Brimstone

Alors que la sortie du film a fait débat en France suite à sa classification (déconseillé aux moins de 16 ans alors que le distributeur trouvait un "moins de 12 ans" suffisant), il est grand temps d'aborder le western de Martin Koolhoven.

Brimstone suit Liz (Dakota Fanning), jeune sage femme muette, qui voit son quotidien chamboulé par l'arrivée d'un mystérieux révérend (Guy Pearce) qui a déjà marqué sa vie à plusieurs reprises...

Pour voir Brimstone, il faut être bien préparé. C'est en effet une plongée dans un océan de noirceur adulte au goût amer. Les femmes se font ainsi battre et souffrent, tandis que les rares hommes bons se voient mourir trop vite pour subsister et offrir de la bonté dans leur monde. Brimstone est violent, plus mentalement que graphiquement (bien que ce soit aussi le cas par moments) et nous montre une facette assez rude de l'humanité, une facette qu'il serait bien mieux de garder dissimulée. On peut y constater la douleur provoquée par une vision au premier degré et sans réflexion de la religion, une douleur aussi actuelle quand on constate certains événements récents.

Et dans tout cela surnage Liz. Cette jeune femme qui voit ressurgir en permanence ce révérend comme un croque mitaine dont on ne peut se débarasser, à la manière d'un Michael Myers religieux. Sa fuite en avant sonne ainsi comme une quête de libération d'une société patriarcale (au sens littéral et littéraire). Ce but prend ainsi une forme d'universalité au vu de la douleur qu'elle subit sans cesse et une nouvelle fois au vu de l'actualité ambiante. Ici, les souffrances subies par les femmes choquent mais surtout questionnent quant à la résonnance qu'elles trouvent dans notre société. Et si cela sonne juste, ce n'est pas seulement grâce à son scénario déconstruit chronologiquement mais solide ni sa mise en scène immersive, mais surtout grâce au jeu sincère de Fanning et à l'interprétation habitée de Guy Pearce, terrifiant comme jamais.

Brimstone est donc une oeuvre violente et âpre mais au visionnage absolument nécessaire. En effet, on ne fera jamais assez face à la noirceur de l'âme humaine...