We Butter The Bread With Butter - Goldkinder

We Butter The Bread With Butter (ne me demandez pas ce qui ce qu’ils avaient pris au moment de choisir ce nom, je l’ignore) est une formation allemande ayant débuté en duo en 2007 pour évoluer vers un quartet classique en 2010. Leur musique propose un son hybride, plutôt original et novateur mêlant metal-core, electro et indus. Malgré la jeunesse de la formation et des membres, leur look emo faisant frémir de honte les plus de 25 ans, leurs débuts potaches, malgré le souffle de dédain que l’on se croit en droit de leur accorder, "Goldkinder", album auto-produit de We Butter The Bread With Butter  envoie un métal qui tabasse, moderne et excitant.

"Goldkinder" débute avec "Alles Was Ich Will", rythmique lourde, chant hurlé et refrain repris en chant clair. Le titre fonctionne parfaitement entre pulsion hardcore et métal empirique. "Meine Brille" lance une offensive plus neo, terriblement efficace. Le jeu de guitare est bon, le chant aussi, la batterie appuie le tout avec lourdeur et martialité. Les anciens teenagers qui composaient des odes au Pokemons (sic) sont bien là pour montrer qu’ils en ont, et possèdent une furieuse envie de s’imposer sur une scène internationale déjà blindée. "Pyroman And Astronaut" synthétise des influences comme Cradle of Filth (le clavier) ou Rammstein mais réussit l’opération alchimique bien que l’on perde un peu en originalité. Le clavier revient en force sur le titre suivant "Ohne Herze", un clavier aux mélodies un peu trop sirupeuses pour nos rudes oreilles pour un titre assez faible. "Super Hei" revient foutre des coups de lattes, mix de death et d’indus en règle, le titre est suffisamment puissant et rugueux pour emporter l’auditeur. On reste loin des hérauts du genre mais la puissance du son s’impose et la volonté de s’affirmer dans un registre plus extrême est bien là. "Viva Mariposa" qui suit les lignes de forces de l’album entre fureur et mélodies synthétiques confirme l’idée d’un groupe plein de vie et de potentiel qui sans renier ses racines tente une fusion electronica/deathcore intéressante. "Mayday Mayday" privilégie pleinement l’electro pour un titre plus electro clash, parfait pour les dance floor batcave. "Makellos" plus métal et bourrin enfonce le clou, ça fout une patate terrible et donne envie de se défouler en se pétant quelques cervicales. "Das Unwehrk" est dans la même veine. Changement de ton avec "Krieg Aus Gold", morceau scandé et non chanté, soutenu par une boîte à rythme retro et une guitare discrète. Qu’on aime ou pas cette rupture de la structure musicale de l’album, le titre fonctionne dans un registre bien différent du reste, une audace bienvenue. "Psycho" retourne à un neo burné et tortueux, que ne renierait pas Korn par exemple. "Golkinder" se clôt avec "Kind Im Brunnen", alternant chant guttural et chorus chanté soutenu par un loop electro planant digne de Moroder.

We Butter The Bread With Butter laisse entrevoir avec "Goldkinder" un metal moderne, pas encore tout à fait affranchit de ses influences mais osant la fusion, l’originalité et l’affranchissement à certains codes du genre. En attendant que le groupe mûrisse, cet album est un bon baromètre du métal en 2013, hybridé par d’autres formes musicales, hésitant entre passé et futur mais sachant garder une violence et une énergie qui lui est propre.