Phil Anselmo - Walk Through Exits Only
Pour commencer je dois avouer que j’ai eu du mal à me plonger dans cet album assez monolithique, la seule façon a été de l’aborder d’un bloc, comme un parpaing de noirceur extrême. Déjà musicalement il faudra franchir un certain cap car ce n’est ni du thrash, ni du death à proprement parler. Si on retrouve bien une double grosse caisse caractéristique, la musique tire vraiment vers une forme d’abstraction étrange (certains parleront de bordel sonore) où les parties semblent très découpées. Et Anselmo de poser son growl si reconnaissable sur ce maelström à la fois ultra technique et anarchique. Entre efficacité et marasme absolu, chacun choisira son camp.
Ce qui peut gêner c’est que l’album ne dégage aucun titre en particulier, les morceaux s’enchaînent dans une certaine redondance, se ressemblant presque tous aussi bien sur le plan musical que sur les parties (bien) chant ées/scandées/hurlées par un Anselmo plus vindicatif que jamais. L’option est donc de prendre cet album court d’un seul trait sans isoler un track en particulier. Et il faut dire que sous cet angle, l’album fonctionne pas mal. Véritable mur de rage et de riffs furieux, "Walk Through Exits Only" libère une énergie méchante et viscérale qui tape fort et juste. La batterie monstrueuse de Jose Manuel Gonzalez qui blaste tous les titres et le chant thrash de Anselmo vont vous faire pénétrer dans un espace-temps empli de haine et de désarroi, franchement aride et puissant. Une mention spéciale au dernier titre très long par rapport au reste du disque et véritable morceau de bravoure aussi bien musical que vocal, ça part dans tous les sens mais ça le fait plutôt bien.
Seulement pour qui connait la carrière fulgurante de Phil H. Anselmo, entre Pantera qui est un des plus grands groupes extrêmes de tous les temps et Down et son dirty sludge très convaincant, on en attendait plus du maestro, plus niveau composition, plus niveau implication. Nous avons droit un album puissant mais qui semble inabouti ou trop vite enregistré. Avec la réputation de bosseur acharné du chanteur, on s’attendait à un autre niveau. Le Lp est donc à prendre comme une expérience, une récréation dans la si riche activité du Texan ; ceux qui attendent un album classique et structuré seront déçu, les esprits plus ouverts ou aventureux savoureront quand même cet effort d’un personnage de tout premier plan de la scène métal.