Aphex Twin - Syro

Richard D James nous avait gratifié d’une série d’EP concepts sous le nom d’AFX ersatz d’Aphex Twin, un EP sous le nom de The Tuss (et encore, ce n’est pas certain), mais son projet musical principal Aphex Twin était resté muet depuis 13 (longues) années.

 

En premier lieu, on se demande ce que va nous donner ce nouvel album. Le compositeur aux multiples facettes est-il resté sur ses acquis ? Va-t-il prendre un virage radical en correspondance avec les actuelles sonorités ? Nous a-t-il concocté un univers complètement au delà des sentiers battus ? Un peu de tout cela.

 

La première écoute nous plonge dans les sonorités du sieur Aphex de part ses sonorités ; Richard D James conserve son timbre, ses acoustiques, ses sons… L’auditeur revient 13 ans en arrière, un peu plus même, à l’époque où Aphew Twin distillait un IDM / electronica  / drill n basa naissant et en pleine explosion. Mais il ne s’agit pas là d’une resucée ou d’un album nostalgique…

 

Ce qui frappe le plus dans "Syro", c’est son actualité. L’album ne dépareille pas quant aux sorties actuelles. Même si Aphex Twin nous produit un disque plus calme que ses prédécesseurs (voir ici "Comme To Daddy" ou "Drukqs"). Richard D James parle lui même d’un disque straightforward, les compositions sont loin des expériences musicales de naguère et semblent plus apaisée voire même plus simples…
 

 

Et pourtant. Si la simplicité prime, on entend dans le fond, tapie au loin, dans l’ombre, l’esprit tortueux d’Aphex Twin, tel "Rubber Johnny" dans sa cave. La subtilité a été et reste encore l’apanage du maître, et elle n’a rien perdue de sa superbe. Les sons d’une décennie et des poussières mélangées aux compositions très actuelles donnent un étrange sentiment à l’écoute, mais dans le bon sens. On se sent replongé dans les grandes du style période 90’s, tout en étant les pieds bien ancrés dans cette année 2014 (voire dans le futur).

 

Et Aphex Twin s’amuse avec nous. Plus calme ? Oui. Plus éclectique ? Oui, indéniablement. Monsieur Aphex Twin nous gratifie d’une electronica variée : hormis des conceptions pure IDM, Richard D James nous plonge dans d’autres styles musicaux sans renier ses origines. Nous avons droits à des mélodies blues, funk, dub, ambiant, hop hop, sans à aucun moment s’écarter de la trame originelle qu’est la musique d’Aphex Twin. L’homme aux multiples pseudonymes nous gratifie même d’un morceau fleuve de 10mn dans lequel on ne trouve que progression sans fatigue, ainsi qu’un morceau electro (au sens actuel du terme) et même rave (années 90) qui ne dépareillerait pas dans un club branché d’Ibiza. Pour ce morceau rave, techno pur jus, on garde cette subtilité et ce je ne sais quoi de folie qui marque le track de son empreinte… Même son piano, distillé ça et là, revient dans le dernier morceau.

 

Si Aphex Twin nous donne un disque plus personnel de part son aspect plus calme en apparence, il fait encore une fois fi des règles de l’industrie du disque (son label Reflex, pas de promo) et tout en unité. Issu de son propre monde, fait pour les fanatiques d’IDM / electronica et pour la masse. L’OVNI Aphex Twin est encore là, présent, et n’a rien perdu de sa superbe, et c’est un album a avoir dans sa discothèque.