Karyn Crisis Gospel Of The Witches - Salem's Wounds

"Salem’s Wounds" est d’abord une histoire de rencontres. Premièrement celle de la fascinante et rare Karyn Crisis et de Davide Tiso du groupe Ephel Duath, puis celle du couple avec Aradia survenue dans une maison isolée de la campagne toscane. Aradia est le fantôme d’une sorcière italienne qui apprit à Karyn la Voie Ancienne de la magie, du soin, de la connexion aux flux des lois naturelles et de l’esprit. Plus prosaïquement on peut penser que le duo s’est inspiré du livre Aradia ou l’évangile des sorcières qui évoque la sorcellerie toscane au XIXème siècle. Chargés de spiritualité, d’histoires anciennes et d’énergie créative Karyn Crisis et Davide Tiso rentrent aux Etats-Unis pour enregistrer un album qui retranscrira cette expérience mystique. S’entourant d’une équipe solide dont Jamie King de Between the Buried and Me aux arrangements, Charlie Schmid à la batterie, Ross Dolan d’Immolation et Mike Hill de Tombs en supports vocaux, Karyn fonde Gospel of the Witches.
 

 

Car il faut présenter Karyn Crisis, dotée d’une culture musicale classique à son arrivée à New-York au début des années 90, elle va bousculer et s’imposer sur la scène Hardcore new-yorkaise avec son groupe Crisis. C’est simplement l’une des premières si ce n’est la première chanteuse à maîtriser le growl death et à assurer aussi en chant clair. Elle va ouvrir la voie à toute une génération de métalleuses enragées qui en remontent à tous ! Habituée du CBGB où elle joue avec des groupes comme Soilent Green, elle enregistra trois albums cultes avec Crisis pour bifurquer en 2006 vers d’autres horizons artistiques comme la peinture et la création d’une ligne de vêtements cuirs. Son retour à la musique était très attendu pas une communauté de fans fidèles.

 

Le premier mot qui vient à l’écoute de l’album est… « déroutant ». S’agissant d’un concept album, il s’écoute d’une traite et son déroulé n’est pas celui d’un album classique, nous avons plus ici à écouter des histoires mises en musique que de véritables chansons structurées autour d’un refrain. Karyn Crisis retrouve sa schizophrénie vocale alternant murmures et chant clair et passage furieux et hurlés, cette alternance fait des merveilles sur des titres comme "The Alchemist" ou "Mother". Le background death des intervenants donne une réelle profondeur à la voix de Karyn Crisis qui est très mise en avant sur toutes les pistes, c’est bel et bien son album et son histoire. En ressort un metal hybride entre violence et apaisement, plutôt mid-tempo avec des instrumentations qui soutiennent de bout en bout l’univers et le chant de Karyn Crisis. Si "Salem’s Wounds" peut paraître un peu linéaire lors d’une première approche, c’est sur la longueur et l’investissement de l’auditeur qu’il délivre sa beauté sombre et mystique. C’est donc avec enthousiasme que l’on reçoit la renaissance d’une des personnalités les plus atypique et attachante de la scène métal américaine.