Black Rainbows - Hawkdope

La Sainte-Trinité psyché Hawkwind/Fu Manchu/Monster Magnet, c’est à elle que l’on pense d’emblée en écoutant "Hawkdope" de Black Rainbows, à ces groupes mastodontes qui vénèrent Saint Fuzz et Dame Disto et plus largement à toute la mouvance psychédélique aussi bien sixties de Jimi Hendrix, MC5 à 13th Floor Elevator qu’actuelle comme Monster Magnet, influenzze qui infuzze totalement les sonorités de "Hawkdope". 
 

On le sait depuis leur précédent album "Supermothafuzzalicious!!", Black Rainbows se posent plutôt comme des gardiens du Temple électrique space-rock que comme de grands innovateurs du genre, malgré ce relatif manque d’originalité le groupe Italien offre un savoir-faire d’orfèvres et le prouve avec ce très solide voyage psyché qu’est "Hawkdope".
 

 

Dès  l’inaugural "The Prophet" l’ambiance est posée avec sa myriade de riffs triturés, son beau solo et une section rythmique taciturne mais carrée. Sur l’ensemble de l’album, la guitare est largement mise en avant comme dans la plupart des productions psyché/stoner et force est d’avouer que Gabriele Fiori maîtrise son instrument et sait jouer de la disto avec bonheur, on sera un peu plus circonspect sur son chant qui si il ne démérite à aucun moment n’a pas le déploiement ou la puissance des ténors du genre. C’est sur le titre éponyme Hawkdopeque l’on entend vraiment l’habileté du groupe : arrangements foisonnants et fertiles, solos formidables et longueur digne des plus épiques morceaux du genre, ce titre se pose avec générosité comme l’incontournable de l’album. On enchaîne avec un titre plus gras et plus « Fu-Manchesque » avec "No Fuel No Fun", plutôt consensuel et attendu après la belle odyssée proposée dans "Hawkdope". "Waiting For The Sun" outre le clin d’œil aux portes traversées pas un certain poète hirsute Irlandais fait vraiment penser à un titre du répertoire des Black Angels, bonnes références, bon morceau. L’ode d’amour à la pédale d’effet "Killer Killer Fuzz" nous plaît bien aussi avec sa matière lourde et opaque et son sample de film SF fifties incontournable. "The Cosmic Picker" à la lenteur envoûtante et planante, aux volutes psychotropes et au calme aérien clôt l’album avec majesté. 
 

"Hawkdope" est donc un hommage sincère et bien exécuté à la scène psyché/stoner, il ne réinvente rien mais démontre une adresse bien réelle et une vraie fidélité aux racines du genre. Si vous aimez vous succomberez aisément, si c’est un genre qui vous est étranger ce sera l’occasion d’en découvrir une belle synthèse, si vous êtes réfractaires aux longues dérives du space rock, cet album a peu de chance de vous convertir.