Trivium - In Waves

Du Thrash Metalcore (un peu Progressif sur les bords). Que du bonheur ! Trivium est sans doute leader dans son style et pour cause, ils semblent en être les créateurs. En 5 albums, le groupe est passé du statut de petit groupe Metalcore (même si ils ont toujours reniés et détestés cette qualification elle est bien présente, notamment pour "Ember To Inferno" et "Ascendency") au Thrash (auquel ils s’identifient sur "The Crusade"). Ils arrivent finalement à un compromis entre Thrash et Metalcore sur « "Shogun". Mais visiblement le très jeune groupe n’avait pas encore définitivement établi le style de leur musique  (le plus vieux est né en 1982 !) et font un pas de plus dans leur carrière avec "In Waves".

En effet, on retrouve les riffs Thrash Metallica inspired, le chant scream Metalcore (pour le moment, ça reste assez semblable à « Shogun » me direz vous) mais au milieu de ce mélange déjà improbable, le groupe complexifie ses compositions, change significativement le chant en utilisant autant la voix claire (précédemment hurlée) de Matt Heafy et le chant saturé Metalcore de Corey Beaulieu (qui remplace Matt sur tout ses précédents hurlements). Déjà vu sur des morceaux comme "The Air That I Breathe" de All That Remains le mélange chants saturés / clairs sur fonds de riffs Thrash est poussé un peu plus en avant. Si "Dusk Dismantled" est plus orienté sur du chant saturé, "In waves" (le morceau) alterne subtilement avec la voix puissante mais toujours un peu rocailleuse sur certains passage de Matt, et au contraire "Built To Fall" est basé presque exclusivement sur le chant clair. Si je m’étale sur ce chant, c’est parce que les progrès techniques des chanteurs sont exceptionnellement visible sur ce nouvel opus, et qu’il donne une véritable puissance supplémentaire précédemment peu exploitées par les musiciens.

Tout ça n’explique pas le « un peu Progressif sur les bords » me direz-vous ! Patience est mère de vertu et en l’occurrence la vertu c’est aussi la parcimonie. Prog par les touches légèrement orientales qui sont saupoudrées ci et là, par les riffs qui, s’ils sont très inspirés par le Thrash gardent une petite touche « en plus » difficilement explicable mais qui s’apparente à mon sens à un degré Progressif. Prog encore pour l’alternance entre saturation et clarté (au chant surtout, mais quelques passages de guitares aussi). Le bonus track "Of All These Yesterdays" en est sans doute la cristallisation la plus visible. A ce propos, les différents membres du groupe nippo-américain ne cachent pas leur admiration pour Dream Theater (cqfd). Sorte de sfumato avant-gardiste, cette petite touche Prog sonne bien et présage d’une inspiration à exploiter plus encore.

En revanche, il y a quand même quelques points négatifs. Le style bien que frais tourne un peu en rond, notamment dans le chant qui même s’il est diversifié et innovant, ne change que peu d’un morceau à l’autre (surtout pour le screamo…) Toute petite touche de répétitivité, et peut-être de manque d’expérience de la part de musiciens encore très jeunes et propulsés (trop vite ?) à un niveau d’exigence et d’assurance qu’ils ne possèdent pas encore totalement. N’étant pas particulièrement fan du Metalcore et de ses dérivés (que j’ai tendance à trouver un peu répétitif et nauséeux) je me surprends néanmoins à vraiment apprécier cet album. Si le groupe avait déjà séduit avec ses précédents opus (rappel : "Ascendancy" 8^e, "In Waves" 16^e, "Shogun" 18^e au classement du "Roadrunner Album Of The Century") a continuité est de mise avec "In Waves" qui va dans la bonne direction et présage d’un avenir fleuri pour les Floridiens.