Iggy Pop - Post Pop Depression

"Post-Pop Depression" donc, soit le grand retour de Iggy Pop annoncé de longue date et serti d'une campagne promotionnelle massive ! Devenu une icône médiatique incontournable tout en restant libre de sa création parfois en dent de scie mais monstre de scène avec ses Stooges, Iggy Pop a t-il encore la flamme rock'n'roll ? A l'écoute de ce joyau sensuel et mélancolique qu'est "Post Pop Depression", on affirme que l'étoile Pop brille comme jamais ! Un retour en règle du patron aux affaires entouré de musiciens brillants , Dean Fertita de Queens of the Stone Age et Matt Helders de Artctic Monkeys, et d'un producteur puissant en la personne de l'incontournable Josh Homme. 

 

A l'instar des Desert Sessions de Homme, l'album fut enregistré au Rancho de La Luna dans la réserve de Joshua Tree en Californie. L'album est totalement auto-financé par Homme et Pop pour éviter toute main-mise des studios. Iggy Pop envoie des textes à Homme, bribes de notes, textes épars, journaux intimes, les morceaux d'une vie dans une boîte. Josh Homme en tirera des paroles empreintes de regrets, de désirs anciens, d'espoirs et y apposera des mélodies charnelles, aguicheuses, écrin soyeux pour la voix de crooner désabusé de Iggy Pop. Le couplage de la production clean et sobre du leader de Queens of the Stone Age et l'expérience assagie de l'Iguane forge un album à la douceur vénéneuse, entraînant mais désabusé, mûr et plein de fougue.

 

 

Et l'on ressent l'ombre des amis et ennemis David Bowie et Lou Reed sur ces titres, le trio qui irrigua le rock des 70's d'excès, de provocation, de rage et d'albums terriblement novateurs et géniaux. Le fantôme de Lou Reed rôde sur le sépulcral "Break Into Your Heart" et l'intro de "American Valhalla" semble tout droit extrait de la reprise de "China Girl" du défunt David Bowie tout comme "German Days" renvoie à la période berlinoise de Bowie qui produit alors "The Idiot", le premier LP solo de Bowie. Josh Homme synthétise, raconte et rend hommage au parcours musical et personnel de Iggy Pop sur "Post Pop Depression". On adore aussi le suranné et suave "Gardenia", histoire d'un amour enfui et fané, pépite de groove easy-listening. Le très desperado "Vulture" et ses chœurs hantés nous amène vers ces contrées désertiques de l'arrière pays californien. "German Days" pourrait être joué sur la scène d'un cabaret berlinois de l'entre-deux guerres, titre empli de triste décadence. "Paraguay" revient à une forme plus rugueuse de spoken words allié à des riffs plus durs et rock. 

 

Loin de la fureur métallique qui habite ces lieux, "Post Pop Depression" représente un bon espace d'accalmie entre deux riffs rageux et headbang libérateurs. Album soyeux et charnel, retour en forme du toujours aussi libre et plus crooner que jamais Iggy Pop, bijou de production low-tempo  du talentueux Josh Homme. "Post Pop Depression" synthétise le passé, les univers et les textures de ces deux pointures pour accoucher d'un classique pop-rock envoûtant et plein de charme.