Koudeta - Koudeta

Ceux qui me suivent le savent, j'ai du mal avec les groupes qui jouent toujours la même chose à longueur de discographie. Je ne comprend pas. On écoute tous divers styles de musiques non ? Alors pourquoi jouer toujours uniquement du heavy speed symphonique désynchronisé ? C'est avec cet état d'esprit un peu dépité suite à l'écoute d'un certain nombre de nouveautés sonnant comme 10 000 skeuds déjà entendus que j'écoute cette nouvelle galette d'un certain Koudeta, dont je n'ai jamais entendu parler. Leur nom me fait penser à La Rue Kétanou ce qui n'est guère pour me rassurer. Oui, je n'étais pas d'humeur très positive.... Heureusement, ce disque m'a vite fait changer d'humeur !

 

Formé en 2019 avec des membres de Trepalium, New Assholes, War Inside et Vanilla Cage, Koudeta propose un premier album éponyme enregistré, mixé et masterisé par Fabien Guilloteau au Nomad Studio. Quant au style ? Difficile de les étiqueter tant ça peut varier d'un morceau à l'autre ! Oh bien sûr on reste dans la sphère métallique, mais globalement on peut passer d'un morceau heavy/thrash à la Metallica comme "Crashing Footfalls" et "Kingdom of Lies" à d'autres bien plus groovy rappelant Pantera période "Cowboys From Hell", avec un chant heavy hargneux à la Hetfield quand il n'est pas content. Un morceau comme "Bastards" en revanche lui rappellera d'avantage la scène hardcore avec un phrasé typé hip hop.

 

Car la vocaliste, parlons en, est le trésor de cet album. Si elle n'a pas forcément la plus jolie voix du monde, sa technique est en revanche bluffante, passant aisément d'un style à l'autre, parfois au sein du même couplet. Le titre "Gaia's Revenge" semble quasiment être un duo, tant Teona alterne les nuances. Alors qu'on la pensait être uniquement le type de chanteuse burnée qu'on imagine sans peine être écoutée par une bande de bikers imbibés de bière, la voilà qui se révèle plus fragile et pleine de sensibilité. Maîtrisant aussi bien le côté rauque de sa voix que son versant mélodique, on se surprend à l'imaginer tenter encore d'autres registres dans un prochain opus !

 

Mais les zikos assurent également, les guitaristes assurant les riffs acérés bien rentre dedans dans un style thrash, mais n'hésitant pas à aller puiser du côté de la scène death façon Morbid Angel lors de passages plus bourrins faisant passer les autres morceaux pour de la pop, comme sur le titre "Fascist Cowards". La prod est efficace, parfaitement audible, sans pour autant sonner trop propre, comme pour donner un peu de rugosité supplémentaire à l'ensemble déjà bien servi. Après ce n'est pas forcément ce que je préfère comme type de prod, mais ça convient parfaitement au style.

 

Notons que les morceaux sont assez courts, hormis deux de plus de 4 minutes, de ce côté là on a un album plutôt punk dans l'esprit, une sonorité parfois grunge, pas de solo à rallonge non plus. L'album ne fait même pas 40 minutes... Mais en fait c'est parfait. Ca convient idéalement à ce que l'album véhicule comme émotions. On passe déjà par tout un tas d'ambiance, mais qui ne sonne pas fourre-tout, grace au mixage assez homogène. On n'a ainsi pas l'impression d'écouter un album qui se contente de recycler ses influences, mais bien de découvrir le style Koudeta.

 

Un album très rentre-dedans, rugueux et puissant mais qui sait se faire mélodique quand il faut, riche d'influences bien digérées. Koudeta a l'intelligence de ne pas trop en faire non plus, pour rester cohérent avec son propos. C'est court, incisif, évoque plein de souvenirs musicaux mais sans jamais totalement y ressembler. Si ce n'est pas exactement le genre de disque que j'écouterais en boucle, il me semble en tout cas très efficace dans son genre, à recommander aux fans de fusion, allant du grunge au death metal.