
Warmen - Band Of Brothers
Deux ans à peine après la sortie de "Here For None" déjà chroniqué en ce lieu, Warmen est de retour avec "Band of Brothers". Leur précédent opus était une réinvention du projet. En effet, à l'origine, il s'agissait d'un side project solo de Janne Wirman, claviériste de Children of Bodom. Mais depuis la disparition tragique d'Alexi Laiho, qui conduisit à la fin du mythique groupe finlandais, Warmen s'est réinventé en véritable groupe, héritier spirituel de l'homme qui disait F*ck plus vite que son ombre.
Etant devenu un groupe à part entière, Warmen a désormais un line-up stable, avec en son sein Antti Wirman, le frère de Janne à la guitare, et surtout un chanteur permanent en la personne de Petri Lindroos. Ce dernier a chanté au sein de Norther, un des plus célèbres clones de Children of Bodom, jusqu'en 2009, il était donc un choix assez logique à ce poste. Mais c'est surtout le chanteur d'Ensiferum, groupe que je suis depuis longtemps. Sa patte vocale très distinctive contribue à donner une identité forte au groupe.
Soyons clairs, ce "Band of Brothers" n'est pas surprenant pour un sous, c'est une continuation de Children of Bodom, c'est totalement assumé depuis le "reboot" du groupe de Warmen en 2023. On y retrouve exactement ce qu'on est venu y chercher, du death mélodique alternant passages bourrins et relativement techniques, et du power metal poppisant avec multitudes de nappes de synthés. Etant le bébé d'un claviériste, Warmen met donc particulièrement l'accent sur cet instrument, bien plus que sur la guitare, quand bien même il s'agit de son frère. Les fans de la six cordes vont donc sans doute un peu rager par moments. Mais il faut l'avouer, si le style est clairement du "CoB like", la maîtrise de l'instrument n'est pas la même, Antti Wirman n'a pas la touche neo classique d'Alexi Laiho. En ce sens, et aimant particulièrement le jeu de guitare du leader décédé, Warmen me déçoit légèrement de ce côté là. Ca reste tout à fait acceptable néanmoins, la comparaison avec une icone est forcément compliquée.
De l'aveu même de son leader, ce deuxième opus de Warmen 2.0 a été relativement précipité, car le groupe actuel ressentait le besoin d'avoir plus de morceaux "à eux" à jouer sur scène. Et sans aller jusqu'à dire que ça se sent, un peu plus de temps aurait sans doute permis de d'avantage affiner les parties de guitares. Et peut être de donner plus de libertés créatives aux autres musiciens. S'il s'agit dorénavant d'un groupe de metal classique, et plus d'un projet expérimental avec beaucoup de titres instrumentaux comme avant, ce côté là est encore présent. Tout tourne autour du clavier. Ce n'est pas un mal en soit, mais l'équilibre est un peu en deça de ce qu'on trouvait chez CoB. Néanmoins, en considérant qu'il ne s'agit que du 2ème album de cette version de Warmen, on est sur un niveau tout à fait acceptable et prometteur. Le groupe se veut plus direct, les morceaux ne dépassent pas les 4 minutes (à l'exception d'une cover de "The Kiss of Judas" de Stratovarius), certains faisant même moins de 3 minutes, se voulant donc parfaitement dans la mode actuelle des chansons toujours plus courtes. L'album ne fait que 40 minutes, en incluant la cover, qui est un bonus track. Mais c'est 40 minutes ultra efficace de metal mélodique avec des touches de gros bourrinage.
A l'exception de "When Doves Cry Blood", mid tempo offrant un peu plus de douceur qu'à l'accoutumé, "Band of Brothers" n'a que des titres rapides. "Out For Blood" avec ses sonorités thrash rappelant un bon vieux Kreator détonne avec son gros riff et sa basse groovy. "Kingdom of Rust" morceau plus fun évoquant des déboires en voitures, avec les guitares imitant des sons de moteur. "March or Die" avec sa prédominance de claviers, est un morceau très heavy rappelant l'ancienne version de Warmen. "Untouched", morceau plus simple, est un single idéal, rappelant cette fois le CoB des débuts. "Coup de Grâce" est lui un morceau plus minimaliste mettant enfin la guitare sur le devant, les notes de claviers se faisant plus subtiles. Et le chant de Petri Lindroos est primordial sur tous les morceaux, confirmant cette volonté de faire de Warmen un groupe classique, avec son frontman.
Ce second album de Warmen depuis sa réinvention en véritable groupe traditionnel, plutôt qu'en side project d'un claviériste, poursuit sur la lignée de son prédécesseur de proposer du Children of Bodom, à tous les fans en manque de leur style, depuis la disparition de son charismatique leader. Si l'album souffre parfois de quelques scories, comme le fait que son compositeur principal se mette trop en avant pour un groupe classique, au détriment de la guitare et la batterie, l'album reste néanmoins ultra efficace et le groupe semble trouver de plus en plus son équilibre. Avec une sortie moins précipité, et plus de temps pour peaufiner les compos, on aurait pu avoir un classique du genre. Mais à défaut, "Band of Brothers" reste un album carré et super efficace, mettant en avant le chant et les claviers, avec des morceaux courts et rapides. Et si on ne retrouve pas d'équivalence au jeu spécifique d'Alexi Laiho, l'esprit est bien là et cet album en est un bon ersatz. A ceux qui cherchent de l'originalité, où qui sont fans de l'ancien Warmen en revanche, ça ne vous marquera pas trop.
