At The Gates - At War With Reality

Anxiété : Inquiétude pénible, causée par l’incertitude, l’attente. 

Voilà l’état dans lequel je me trouvais depuis qu’At The Gates a annoncé son intention de sortir un nouvel album et je pense ne pas être le seul. Bon, j’exagère un peu mais le fait est que je n’aurai jamais pensé entendre un nouveau riff de leur part depuis le cultissime "Slaughter Of The Soul". Depuis, de l’eau est passée sous les ponts et cette incertitude est justifiée, car en matière de retour, on ne sait jamais à quoi s’en tenir et la déception est assez souvent au rendez-vous. Mais, car il y a un mais, certains sont plutôt réussis et entretiennent l’espoir, je pense notamment à Carcass et son "Surgicalsteel" relativement réussi … pour At The Gates, l’espoir était donc permis !

Oui, l’espoir était permis. Car en 19 ans, depuis la sortie de leur dernier opus, la scène deathmetal mélodique a changée, évoluée. In Flames est parti tapiner dans des sphères hautement commerciales. DarkTranquillity a adouci son propos à grands coups de claviers. Et le disciple Soilwork est passé maitre dans le tube à refrain en voix claires. Avec ça, vous rajoutez toute cette « scène » en –core ayant découvert "Slaughter Of The Soul" sur le tard et vous comprendrez aisément que l’on était en droit d’attendre d’At The Gates quelque chose dans la tradition du deathmetal de Göteborg. Du deathmetal mélodique façon canal historique en somme …

Et c’est exactement ce que le groupe nous propose avec "At War With Reality" : 

-    Primeiro : en 1995, avec "Slaughter Of The Soul" , At The Gates sortait sa pièce maitresse, la clé de voûte d’un style qui allait par la suite évoluer grandement. Quasiment 20 ans après, ce nouvel album remet les pendules à l’heure. At The Gates repose les bases du style qu’il a en partie créé. Les riffs thrashy sont présents d’entrée de jeu, les mélodies ne sont pas en reste et donnent à l’album une atmosphère mélancolique et triste, aidées en cela par la voix d’écorché vif de Tompa.

-  Secundo : les suédois reprennent les choses en main et proposent un album racé et sans fioritures. Par sans fioritures, j’entends, pas de claviers, pas de chants clairs, pas de passage en –core … uniquement du deathmetal mélodique originel ! Et l’on retrouve tout ce qu’était At The Gates avant sa séparation, au point qu'"At War With Reality" aurait pu paraitre de suite après "Slaughter Of The Soul" , ou même avant car il n’en est pas la partie 2 et j’aurai tendance à dire tant mieux ! 

-  Tercero :  "At War With Reality" est un album compact et réfléchi.On sent que le groupe a passé du temps sur la composition et pesé le pour et le contre de chaque riff, pour ne garder que l’essentiel. Alors qu’ils auraient pu, comme d’autres avant eux, se reformer et sortir, à la va-vite, un album dans la foulée, les suédois ont pris leur temps et ont écrit des titres directs et efficaces.

-Cuarto : même s’il perd un peu en efficacité et ne possède pas le côté brut de "Slaughter Of The Soul", ce nouvel opus gagne en variété par rapport à son illustre prédécesseur. Les mélodies ont une place plus importante et restent en tête quasiment dès la première écoute ; et chaque titre contient son lot de changement de tempo. "At War With Reality" est un peu la synthèse de la carrière d’At The Gates, avec l’expérience et le vécu de ses membres en plus. 

-  Quinto : la production, confiée à Fredrik Nordström, est très actuelle, propre (peut-être un peu trop d’ailleurs) mais reste fidèle au style et permet aux suédois de proposer un album en phase avec son époque. Le visuel quant à lui est tout simplement magnifique, très sobre, mais correspond parfaitement au concept de l’album et à ce qu’a pu proposer le groupe par le passé.

Conclusion (sexto, septimo) : les suédois ont certainement hésité avant de vouloir proposer un nouvel album alors qu’ils n’en avaient, au départ, pas l’intention. Mais les faits sont là, celui-ci a été pensé, muri et ils prouvent avec "At War With Reality"qu’ils ne sont pas revenu à la composition pour rien !

Alors que l’on pouvait en douter avant d’écouter cet album, At The Gates est toujours le patron du deathmetal mélodique … plus de 20 ans après sa création … et la concurrence est loin … très loin !